« Le positionnement d’expert et de référent dans le domaine de la fibre est la marque de fabrique du Cercle CREDO »

Dominique WATEL, Président d’honneur et Président de 2011 à 2019

Président du Cercle CREDO pendant près de 9 années, Dominique WATEL est désormais, depuis 2019, son Président d’honneur. Il a fondé en 2009 sa propre entreprise, Drivoptic (membre du Cercle CREDO depuis 15 ans), dont il est actuellement un chargé de mission détaché auprès du nouveau dirigeant.

En première partie de ce témoignage Dominique WATEL raconte sa rencontre avec le Cercle CREDO et son implication avec un focus particulier sur la période de sa présidence de 2011 à 2019. Dans une seconde partie il nous partage ses réflexions sur l’avenir de l’association, des idées et des projets pour confirmer sa vocation d’expert des réseaux de fibre optique. Sa carrière professionnelle est retracée à la fin de ce témoignage.

Le Cercle CREDO : quelques faits marquants de son histoire

Vous avez connu le Cercle CREDO en 1993, il y a 30 ans. Pouvez-vous nous raconter cette rencontre ?

Mon premier contact avec le Cercle CREDO remonte aux prémices de l’association avant même le dépôt des statuts. Je me souviens avoir eu la chance de participer en 1993 à la première réunion dans les locaux d’Aéroports de Paris à Roissy à l’initiative de la société Pouyet, devenue aujourd’hui CORNING. Autour de la table plusieurs représentants d’industriels qui deviendront les fondateurs du Cercle CREDO : des industriels (ACOME, POUYET, CIRCET,..) et des entreprises du transport qui déployaient de la fibre optique sur leurs réseaux (SNCF, RATP, Aéroports de Paris…).

Ensuite, à partir des années 2000, j’ai représenté les filiales télécoms de la RATP au sein de l’association. A partir de ce moment, j’ai participé activement à la vie de l’association : ateliers, travaux éditoriaux et organisation de forums. En 2011, j’en suis devenu le Président.

Sous votre présidence vous avez initié plusieurs partenariats. Lesquels ? 

Nous avons initié plusieurs partenariats en particulier avec le FTTH Council Europe qui nous mettait à disposition ses applications numériques (robot pour le maintien à domicile, télémédecine, téléformation) présentes sur notre démonstrateur FttH. Un partenariat  avec la FIRIP (InfraNum) dont le Cercle CREDO pilotait la commission technique,  un autre avec l’Arufog pour l’organisation de forums en régions. A cette époque, nous avons intégré le comité d’experts fibre de l’Arcep et entrepris des collaborations avec l’Avicca et avec la FNCCR. Une convention a été signée avec la Banque des Territoires qui nous accompagne depuis plusieurs années sur des projets importants comme le démonstrateur.

Quel regard portez-vous sur son histoire depuis 30 ans ?

Le Cercle CREDO aura 30 ans cette année, il faut s’en réjouir et profiter de ce moment pour regarder le chemin parcouru et se fixer de nouveaux objectifs. Le Cercle CREDO représente une référence technique pour tout l’écosystème, ce que nous nous sommes efforcés de défendre et de démontrer avant et durant ma présidence et qui s’intensifie aujourd’hui. Pendant ma présidence, nous avons vécu une période intense de son activité. Le régulateur avait fixé les règles pour le déploiement des réseaux FttH sur le territoire et le Plan France Très haut Débit démarrait. Collégialement, nous avons décidé d’accompagner les collectivités en produisant des guides (5 en 9 ans), le premier sur le déploiement des réseaux d’accès dans les zones moins denses. Par ailleurs nous avons développé le 1er démonstrateur fixe pour présenter une infrastructure à fibre optique et mettre en avant les industriels.

Genèse du 1er démonstrateur FTTH réalité virtuelle

Lors d’une présentation du démonstrateur à RuraliTIC, Antoine Darodes nous a sollicité pour le présenter à la première conférence annuelle du Plan France Très Haut Débit en février 2014 : ce fut un grand succès. Puis ce démonstrateur, qui mesurait 20 mètres de long, a été compacté pour entrer dans un bus mis à disposition par la RATP, une entreprise dans laquelle j’ai passé plus de 30 ans de ma carrière professionnelle (voir encadré à la fin du témoignage). Le Bus CREDO* du Très Haut Débit bien-nommé « La fibre en mouvement » qui permettait d’appréhender le fonctionnement d’un réseau optique, était né, prêt à parcourir la France de long en large, traversant toutes les régions, telle une vitrine fonctionnelle et pédagogique des réseaux THD.

Tous les métiers techniques y étaient représentés ainsi que les applicatifs (télémédecine, téléformation, territoires connectés, gestion de crise). Il était utile également pour montrer les débouchés possibles à des personnes en recherche d’emploi. En 2021, un démonstrateur de réalité virtuelle d’un réseau FttH a été mis en place par la nouvelle équipe, dans la continuité de ce qu’on avait développé. L’ancien Délégué général, Dominique BRAULT, s’y est consacré et la Banque des Territoires et une dizaine d’industriels membres du Cercle CREDO ont apporté les financements nécessaires.

(*) conçu avec plusieurs partenaires : la Mission France Très Haut Débit, la Caisse des Dépôts, les écoles d’ingénieurs Télécom SudParis et Télécom Saint-Etienne, des industriels français et européens et plusieurs start-up.

Le Cercle CREDO en 2024 et demain ?

Qu’est-ce qui distingue le CREDO de ses homologues de l’écosystème ?

Le Cercle CREDO est un forum d’expertise qui a une vision globale des finalités de la fibre optique. Cela lui confère un positionnement de référent technique dans l’écosystème, telle est sa marque de fabrique.

Ce qui le distingue aussi de ses homologues c’est la fidélité de ses membres (25 à 30 ans pour certains) ce qui permet de maintenir un esprit, une culture CREDO qui s’enrichit par l’arrivée de nouveaux membres. C’est aussi la capacité d’écoute et d’analyse des retours d’expérience qui permettent de produire des livrables qui font référence.

Dès 1994, les premiers participants aux travaux du Cercle ont vu l’intérêt de traiter la technologie fibre optique comme un système, pas uniquement comme un assemblage de composants. Au fil des guides, on perçoit les évolutions sur toute la chaîne.

Aujourd’hui, la diversité de ses membres permet de traiter tous les sujets : législation, réglementation, organisation, techniques (architectures, composants, mise en œuvre, exploitation et maintenance), métiers et compétences.

Diffusés gratuitement, le plus largement possible, auprès des collectivités, des opérateurs et installateurs et également dans les centres formation, les écoles d’ingénieurs et les universités où ils servent de supports de cours.

Selon vous, sur quelles thématiques le Cercle CREDO devrait mener des travaux dans les prochaines années ? 

La qualité et la pérennité des réseaux est une question prioritaire, c’est un enjeu essentiel : pendant toute la durée de vie du réseau, il faut être en mesure de maintenir les performances, de supporter toutes les évolutions et les nouvelles applications (territoires connectés, véhicules communicants, télémédecine etc.). De plus un réseau de qualité permet d’optimiser et de réduire les coûts d’exploitation et de maintenance et aussi d’augmenter sa disponibilité.

Sur cette question de la qualité et de la pérennité des réseaux le Cercle CREDO a contribué à la création en 2023 d’un label en collaboration avec Innovance et l’Avicca. Que pensez-vous de cette initiative ?

Ce label AQPF (Audit Qualité Pérennité Fibre) est important car il va permettre de s’assurer que les entreprises qui interviennent pour auditer les réseaux, disposent de l’expertise, des formations et des habilitations pour jouer leur rôle. Il faut s’assurer, en faisant passer des épreuves théoriques et pratiques, que les auditeurs maitrisent l’ensemble des règles, les spécifications, détectent les malfaçons par des contrôles visuels et soient capables de faire des mesures et de les analyser.

Quels nouveaux projets pourrait porter l’association ?

Comme référent, le Cercle CREDO pourrait créer un observatoire des bonnes pratiques par lequel on définit les conditions de la pérennité des infrastructures optiques en lien avec le label AQPF. Dans cet objectif, je rappellerais trois points. Tout d’abord, valider les architectures, qualifier les composants en anticipant les évolutions avec l’objectif d’une pérennité sur plusieurs dizaines d’années, et également s’assurer que les intervenants sont bien formés pour garantir un déploiement de qualité (labellisation des intervenants). C’est sur la base de ces trois piliers que le Cercle CREDO pourrait mettre en place un observatoire des bonnes pratiques et le faire vivre avec les retours d’expérience des différents auditeurs, de constats faits sur le terrain. Cet observatoire irait de pair avec le guide pérennité des réseaux qui sera publié en 2024 : le premier présenterait les retours d’expérience, le second les règles à appliquer.
Pour conclure je dirais qu’il faut aussi poursuivre la veille technologique sur la fibre optique, notamment sur la partie active des réseaux. Et, parallèlement, regarder l’impact de toutes les nouvelles applications (5G, objets connectés…) sur les réseaux construits.

Une carrière dans le secteur des réseaux télécoms au service de grands projets, en France et à l’étranger
Son auteur, Dominique WATEL, raconte !

A l’issue d’un cycle universitaire, j’ai intégré en 1976 la RATP dans le service des télécommunications pour piloter des travaux télécom sur 2 lignes de métro et 1 de RER. L’entreprise entrait alors dans une phase de modernisation et de numérisation de ses réseaux. En quelques années, j’ai été amené à piloter une entité de gestion de réseaux et de planification de projets télécoms. En parallèle j’ai suivi un parcours de formation interne dans des écoles d’ingénieurs telles que Télécom Paris et également au CNET, à Lannion, pour une formation sur les réseaux de fibre optique.

Une seconde partie de ma carrière s’ouvre alors en 1992 avec mon détachement de la RATP en tant qu’ingénieur dans une filiale commune à la RATP et la SNCF, appelée aujourd’hui Systra, pour le projet de construction du tunnel sous la Manche mis en service en mai 1994. Ma mission consistait à mettre en place des réseaux de fibre optique sur les terminaux en France et en Angleterre et également à réaliser deux salles de coordination des incidents majeurs (incendies, actes terroristes…) dans les terminaux (FR-UK). Au terme de cette période, j’ai corédigé un livre blanc en interviewant tous les services français et anglais qui utilisaient les moyens de communication d’Eurotunnel, l’objectif étant d’analyser et d’évaluer les nouveaux besoins par rapport aux besoins initiaux de 1986.

Fin 1995, je réintègre la RATP pendant deux ans en tant que chef de projets télécoms pendant la phase de construction de la ligne de métro 14. Puis en 1997, la RATP crée des filiales de télécommunication pour déployer un réseau fibre optique (70 000 km) sur l’ensemble des emprises de la RATP, lignes de métro et tunnels RER. Elle me nomme à la Direction des opérations de la filiale (aujourd’hui RATP Connect) où je suis resté 11 ans, en charge des études, de la construction, de l’exploitation et de la maintenance des réseaux. Fin 2008, je quitte la RATP pour créer Drivoptic en 2009, dans un premier temps comme consultant pour des prestations d’assistance à maîtrise d’œuvre et d’ouvrage pour des collectivités, dans le domaine de l’aménagement numérique des territoires, et aussi pour des projets ferroviaires. Dans un second temps, j’ai développé des prestations d’audit, contrôle et qualification des réseaux avec une équipe de 15 ingénieurs et techniciens. La société Drivoptic a été reprise fin 2022 par le groupe Firalp et je continue à y intervenir en tant que chargé de mission détaché auprès du nouveau dirigeant.